– Ok, se sera fait dès ce soir Melissa.
Me lança t-il.
– Vos visages seront légèrement floutés pour pas que l’on vous reconnaisse. Voilà.
Rajouta t-il.
– Ok, ben… Merci… Comment je dois t’appeler? C’est quoi ton prénom?
– je me prénomme Hugo.
– Merci à toi Hugo… Je voulais te dire aussi que je suis désolée pour ce qui est arrivé à ta sœur et…
Lui rétorquais-je, sans vraiment avoir terminée ma phrase…
– De rien Melissa. Mais rappelle toi bien que c’est une leçon nous pour tous.
Puis nous repartâmes chacun de notre côté après nous être salués d’un signe de la tête. La journée passa vite et sans que je croise mes deux détracteurs. Le soir même, je vis que la vidéo était bien postée sur les réseaux sociaux. Mon visage et ceux des filles étaient bien floutés comme me l’avait dit Hugo. Une vraie bombe avec un objectif pas que préventif je dirais ! Cela allait fortement rééquilibrer les choses.
En ce début de nouvelle semaine au lycée, je n’avais qu’une seule idée en tête, retrouver mes deux amies. J’avais longuement discutée par visio tout le temps du week-end avec Anna et Camilla, de la situation que je traversais depuis plusieurs semaines, de cette vidéo postée 3 jours plus tôt et bien d’autres choses. Au final, elles avaient compris le pourquoi du comment, ne portait plus de préjugés sur ma personne et s’étaient excusées toutes les deux.
Dans la hâte de nous revoir vite, nous nous étions retrouvées toutes les trois dans la cour centrale du lycée, joyeuses, comme si on ne s’était jamais quittées. J’avais cette impression que tout me souriait. Mais dans le quart d’heure suivant, une ombre au tableau venait assombrir ce moment de bien-être. Je vis au loin Florian et le regardais un instant sans bouger. Je me sentais légèrement pétrifiée lorsqu’il m’aperçut à son tour et qu’il me regarda. Flo n’avait pas son sourire d’en temps normal, il ne souriait pas du tout même. C’est alors que je vis Anna et Camilla se placer à mes côtés avec une pointe de détermination. Elles le regardaient fixement elles aussi, mais avec une expression bien différente de la mienne dans leurs regards.
– Il ne manque pas de toupet celui-là, une vraie ordure !
Sorta Anna de manière impulsive.
Florian baissa les yeux puis la tête et continua son chemin en se dirigeant vers la sortie du lycée.
– C’est ça, continue et t’arrête surtout pas !
Lança Camilla. Je vis Florian de dos, qui marchant la tête baissée, se prit au passage une insulte de plus, de la part de deux filles qu’il croisait sur son chemin. Il garda la tête baissée, sans prendre attention à elles, continuant à tracer sa route. Il s’apprêtait alors à franchir le haut portail. J’ai ressenti à cet instant même, une sorte de « déclenchement » dans ma poitrine, dans mon cœur plus exactement… Cette sensation devenait lourde, de plus en plus lourde à mesure que je le voyais s’éloigner de moi… « Mais pourquoi j’éprouvais cela après tout ce… ». Flo avait franchi le haut portail et disparu de mon champ de vision. J’avais cette impression que c’était la dernière fois que je voyais Florian.
La cloche qui venait de sonner interrompit mes pensées. Je n’avais rien suivi de tout le cours d’italien, je pensais sans cesse à lui… C’était ici à cette table, la première fois qu’il m’avait abordé, qu’il m’avait touché intimement. Le souvenir de son magnifique doigté dans ma moule me créait quelques sensations agréables et en plus de rêvasser, je mouillait, mais pas autant que cette fois là… Je sortais alors de la salle de cours, ce lit de ma nostalgie passagère, pour aller retrouver les filles dans la cour centrale. J’étais comme léthargique, oui j’avais du mal à émerger. Puis, je vis plus loin sur ma droite, cette porte que je connaissais très bien. Derrière cet obstacle, c’était la fameuse salle « attitrée », la notre. Dans un instant d’engouement, j’avais cette énergie retrouvée, mon cœur refaisait des siennes et côtoyait à nouveau cette boule au ventre que j’avais eu un peu plus tôt dans la matinée. « Peut-être que… Non je pense pas… », me disais-je… Suite à un instant d’hésitation, j’ouvris la porte pour rentrer finalement dans la salle, espérant au plus profond de moi même, le retrouver à l’intérieur, mais non… Après avoir apportée un regard sur l’ensemble de la pièce, je vis qu’il n’était pas là. À quoi m’attendais-je ainsi. À présent, je savais pertinemment que je ne le reverrais plus jamais, ni ici, ni ailleurs… C’est alors, qu’avec mes yeux larmoyants, je refermais la porte et ne remetta plus jamais les pieds dans cette salle, pour le restant de l’année.
Fin